Les jeunes n’ont pas d’association ou de syndicat, mais ils vous ont dans leur vie!

Date

Hier après-midi, j'étais en entrevue avec Julie Marcoux sur la chaîne d'informations continues LCN... Elle m'interrogeait sur la manière dont les enfants et les adolescents vivaient la crise sanitaire qui s'éternise pour eux. Elle mentionnait que beaucoup consommaient désormais des médicaments, notamment des anti-dépresseurs, pour passer à travers cette période difficile.

Depuis le début de la crise sanitaire, les mesures émises par les différents gouvernements ont visé à réduire la rapidité de la transmission du virus pour protéger les personnes vulnérables. Malgré celles-ci, les décès sont nombreux, surtout – selon le premier rapport d’une institution de santé publique rendu disponible par un pays occidental, en l’occurence, l’Italie – chez les personnes qui cumulent plusieurs maladies chroniques (on parle de 3 ou 4 maladies sévères) ou d’une pathologie envahissante affectant le coeur ou les poumons. Quoi qu’il en soit, la réduction des contacts est une priorité sur le plan immunologique, même si cette mesure impacte la vie des jeunes.

Il est certain que des adolescents, qu’on pressent de plus en plus en difficultés à cause des mesures sanitaires qui perturbent autant leur vie sociale que leur scolarité, peuvent recourir à la médication. Elle me demandait si c’était suffisant. Je lui ai répondu que (1) les anti-dépresseurs étaient rarement prescrits en-dessous de 14 ans et que (2) on avait identifié des facteurs essentiels pour permettre aux jeunes de tenir le coup.

CEUX QUI VONT BIEN

En effet, des jeunes vont bien, malgré tout, parce qu’ils pouvaient compter sur trois appuis:

1) des ressources internes (leurs acquis psychologiques et leur résilience);

2) au moins un parent solide qui peut les aider à construire du sens quand une situation n’en a pas beaucoup;

3) une école sereine et des enseignants bienveillants, conscients des défis, mais plein d’humanité pour les guider… 

CEUX QUI VONT MOINS BIEN

On sait que 25 à 35% des jeunes vivaient déjà de gros défis avant la crise… Par exemple, on sait que 28% des enfants de 4 ans sont déjà identifiés avec au moins une vulnérabilité en termes de développement global. On sait aussi que 25% des écoliers font partie du groupe EHDAA, c’est à dire qu’ils ont reçu un diagnostic leur permettant d’avoir accès à des ressources. Enfin, on sait que ce pourcentage monte à 35% au secondaire, avec un risque évident de décrochage scolaire.

Pour éviter que la situation scolaire ne se complique, le comité d’experts – auquel je contribue – réuni par le ministre Jean-François Roberge a proposé que les fonds d’aide aux écoles soient reconduits automatiquement pour les deux prochaines années, sans que les enseignants ou les directions d’école n’aient à se batailler avec le ministère de l’Éducation pour avoir les fonds.

Le problème reste malheureusement, car la reddition des comptes des Centres de services scolaires fait en sorte que les écoles doivent quand-même justifier leurs besoins. De plus, on est en manque de personnel dans les écoles…

Entre ceux qui vont bien et ceux qui font partie du groupe EHDAA, il y a un 40% qui parfois va bien, parfois ne va pas bien du tout… Cela dépend de leur environnement immédiat, donc des adultes qui les entourent!

QU’EST-CE QUI COMPLIQUE LA VIE DES JEUNES ACTUELLEMENT?

Au delà de la crise sanitaire et des mesures qui régulent leur vie familiale, sociale et scolaire, plusieurs facteurs sont observés.

Certains n’ont pas nécessairement assez de ressources internes: ils vivent une perte de plaisir, une perte de motivation, une perte de sens… C’est bien beau d’aller à l’école, mais quand aucun espoir d’aller mieux ne les mobilise, cela finit par épuiser leurs ressources et leurs comportements dérangeants reflètent leurs états d’âme…

FORMATION: Mieux comprendre les différentes formes de violence éducative et découvrir les clés pour éviter d’entretenir le cycle en stimulant sa résilience et celle des jeunes… (en savoir plus)

Il y a les pertes sociales et les ruptures amoureuses, surtout chez nos ados, qui ont compliqué la situation lors du premier et du deuxième confinements. Ne plus se voir à l’école qu’à travers des masques et ne pas pouvoir passer du temps avec l’amoureux en fin de journée, c’est dur pour des ados qui s’éveillent à l’amour… ou sont en classe avec l’ex. Pire, l’ex fréquente un pair qui lui aussi est dans la classe… L’enfer 25 heures par semaine.

D’autres sont carrément en état de choc. Soumis à un stress chronique depuis des mois, sans réassurance suffisante de la part d’adultes de confiance, ils ont tellement puisé dans leurs ressources que le cerveau est comme « gelé ». Les enseignants et éducateurs me partagent que, parmi eux, on constate que la lumière dans leurs yeux est très rare.

Il y a des équipes-écoles qui vont bien, mais il y en a aussi qui vont moins bien. Les mesures sanitaires perturbent tellement leur qualité de vie personnelle ou familiale que les intervenants ont de la difficulté à rester confiant et bienveillant. Oh, ils le voudraient, mais eux aussi sont parfois épuisés. Les congés de maladie s’accumulent, ce qui perturbent le parcours scolaire de leurs élèves. Et combien songe à une retraite anticipée?

Il y a aussi ces familles qui, parfois déjà vulnérables ou fragiles avant la crise, rencontrent encore plus de défis. On parle de perte d’emploi, de risques de faillite personnelle et donc de perte de la maison parce que les parents n’arrivent plus à payer l’hypothèque. On parle de violence domestique, mais aussi de négligence quand les enfants souffrent de malnutrition ou qu’un parent est pris par ses dépendances (drogue, alcool, écrans de loisirs, etc.).

Actuellement, et c’est une idée d’Égide Royer, les citoyens qui voudraient les aider sont invités à se faire connaître. Ils pourraient agir comme « tuteurs » auprès des jeunes en difficultés. Non pas uniquement pour offrir une aide pédagogique, mais pour créer un lien de confiance avec ceux qui seraient plus en difficultés sur le plan psychologique ou social. C’est la relation qui est mise de l’avant, et ce, de manière complémentaire aux interventions des éducateurs ou intervenants psychosociaux des écoles.

VOUS ÊTES LA SOLUTION POUR LES JEUNES! 

Autant dans l’observation des facteurs protecteurs que dans la mesure mise de l’avant par le ministère de l’Éducation, on constate que les adultes, en fait, VOUS êtes la solution. Vous êtes l’ESSENTIEL dans la vie des jeunes, quel que soit votre rôle.

FORMATION: Choisir la pleine présence pour prendre soin de soi quand le stress est chronique (en savoir plus)

En effet, le cerveau permet difficilement – avant 20 ans – une autorégulation du stress et de l’anxiété. Les enfants et les ados, mais aussi les étudiants, ont besoin d’adultes sereins autour d’eux pour les aider à réguler leurs émotions.

Il est donc tout essentiel de prendre soin de vous pour que le stress chronique auquel vous êtes soumis depuis des mois ne vous conduise pas trop dans vos mécanismes de défense (même s’ils sont légitimes) et, surtout, vers l’effondrement psychologique après des mois de sur-adaptation.

Autrement dit, en prenant soin de lui, l’adulte peut non seulement se sentir plus relâché et utiliser ses ressources pour s’adapter aux contextes difficiles, mais il va surtout pouvoir soutenir efficacement les jeunes autour de lui.

NOUVEAUTÉ: CHOISIR LA PLEINE PRÉSENCE POUR PRENDRE SOIN DE SOI ET MIEUX GÉRER LE STRESS CHRONIQUE

Découvrez comment prendre soin de vous grâce aux outils de la pleine présence, autant pour éviter que nos mécanismes de défense ne finissent par blesser ceux que vous aimez que pour réduire les risques de burnout!

En effet, nous nous adaptons à une situation qui réclame beaucoup d’aptitudes relationnelles, mais – à force – cela peut nous épuiser ou, du moins, nous vulnérabilise et nous pousse à utiliser nos défenses au lieu de notre bienveillance. C’est normal, c’est humain, mais comment faire « autrement » et reprendre la maîtrise de nos émotions?

Cette formation que j’anime vient d’être mise en ligne. Elle vous permettra de développer vos ressources autant pour vous-même que pour être solide à la barre et soutenir les jeunes autour de vous… Car, vous êtes une personne ESSENTIELLE pour les enfants et les ados! Ils ont besoin de vous.

Et pour cela, il vous faut développer votre propre capacité à être en relation saine, malgré les défis qui vous perturbent sur les plans familial, social ou professionnel. Pour y arriver, les outils de la pleine présence vont vous permettre de tempérer et de canaliser votre stress et vos émotions… Laissez-vous être inspiré!

Plus
D'articles